Fait de diktats, le milieu de la mode n’a jamais vraiment donné sa place aux femmes noires. Aujourd’hui, ces dernières s’imposent pourtant petit à petit sur les podiums arborant fièrement leur couleur. Zoom sur trois icônes de la beauté africaine.

La beauté africaine à l’honneur : ces femmes cassent le diktat de la mode et s’impose dans un univers où les femmes noires ont difficilement leur place.
Esther Kamatari, la pionnière
Princesse du Burundi, Esther Kamatari est la pionnière en la matière. Elle a été exilée en France dans les années 70 suite à la chute de la monarchie burundaise. Avec ses mensurations de rêve : 1,80m et 55kg, elle s’est rapidement fait remarquer par le milieu de la mode.
Elle devient ainsi la première femme d’origine africaine à devenir officiellement mannequin en France, la première à défiler pour Lanvin et la première à défiler en robe de mariée. Elle a ensuite enchainé les défilés pour les plus grandes marques et est depuis 2015, l’ambassadrice de la maison Guerlain.
Esther s’est aussi distinguée pour son engagement en faveur des femmes et des orphelins de son pays natal. Un combat qu’elle continue d’honorer aujourd’hui pour son pays, le Burundi qui s’enfonce de jour en jour dans une grave crise politique.
Katchouna Niane, la « princesse peule »
Surnommée la « princesse peule », Katchouna Niane est originaire de Guinée. Face à la dictature sanguinaire d’Ahmed Sékou Touré, elle s’est exilée au Mali avant de rejoindre sa famille au Sénégal.
A l’âge de 17 ans, elle débarque à Paris où elle a entamé sa carrière de mannequin. Elle a ainsi travaillé auprès de plusieurs grands noms comme Lanvin, Paco Rabanne, Azzedine Alaïa… avant d’être l’égérie d’Yves Saint-Laurent pendant 17 ans. Vers les années 90, elle met de côté le mannequinat et tente sa chance dans plusieurs domaines : stylisme, cinéma, télévision… En 2006, elle revient dans le domaine de la mode en lançant son propre concours de mannequin : Ebène Top Model, à Dakar.
Un an plus tard, elle émeut le grand public avec : « Dans ma chair ». Il s’agit d’un livre autobiographique où elle parle de l’excision qu’elle a subit à l’âge de 9 ans. Combattante jusqu’au bout des doigts, Katoucha ne s’est pas contentée de partager sa douloureuse expérience, elle a aussi décidé d’agir. Elle a ainsi créé sa propre association : Katoucha Pour la Lutte contre l’Excision (KPLCE) et a lancé des sensibilisations sur les impacts néfastes de la pratique dans quelques pays africains. Malheureusement, le récit de la « princesse peule » s’interrompt brutalement en 2008. En effet, elle est décédée suite à une noyade accidentelle dans la Seine.
Nyakim Gatwech, la « reine des ténèbres »
Nyakim Gatwech est sûrement la top-modèle noire la plus connue du moment. Surnommée la « reine des ténèbres », elle défile pour les plus grands noms de la mode et se retrouve souvent à la une des magazines les plus prestigieux. Une notoriété montante qui permet à la jeune fille de représenter l’africaine noire décomplexée et surtout de porter la voix à la situation catastrophique dans son pays : le Soudan du Sud.
Nyakim est née à Gambella, près de la frontière avec l’Ethiopie, mais sa famille est originaire de Mawt, un village sud-soudanais. Face à la guerre civile qui mine le pays, ils ont pris la fuite pour finalement trouver refuge aux Etats-Unis en 2007. Si sa couleur noire très foncée a souvent été l’objet de moqueries dans sa vie quotidienne, la jeune femme de 24 ans assure qu’elle n’a jamais pensé à se faire dépigmenter. Au contraire, elle arbore fièrement cette peau caractéristique de la tribu des Nilotic, au Soudan du Sud, sur les réseaux sociaux.